Milieu des années  80 : Le rêve

La Coopérative d’habitation le Coteau vert est née d’un rêve : celui de militants provenant de divers horizons de fonder une coopérative écologique en milieu urbain. Mais avant tout, le Coteau vert est né d’une véritable synergie entre des citoyens, des organismes communautaires et des institutions gouvernementales.Pour dresser un portrait représentatif de l’historique de la coopérative, il faut reculer au siècle dernier, alors que le terrain de la coopérative était occupé par les Ateliers municipaux de la Ville de Montréal. Au milieu des années 80, le Comité logement de La Petite-Patrie a appris que les Ateliers municipaux déménageaient, ce qui allait laisser vacant un immense terrain de la Ville situé à un emplacement des plus intéressants. La Petite-Patrie était alors ciblée comme un quartier en carence de logements sociaux. Il n’en fallut pas plus pour que le Comité logement décide d’en faire son cheval de bataille et de réclamer auprès des élus la construction de logements sociaux à cet endroit.

1988 : La table

En 1988, le Comité logement et d’autres organismes du quartier provenant de divers horizons se sont regroupés pour former la Table de concertation logement/aménagement de La Petite-Patrie. Celle-ci avait pour mission de réaliser des actions en vue d’enrayer les problèmes de détérioration de logement. Dès sa création, elle a commencé à revendiquer auprès de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie la construction de 350 logements sociaux sur le terrain des Ateliers municipaux. Afin de faire connaitre la cause et promouvoir le projet, de nombreuses actions ont été réalisées pendant une quinzaine d’années : signatures de pétition, séances d’information, visites guidées, piqueniques, manifestations, affichage de banderoles et création d’une maquette. Mais la plus médiatisée de la Table a sans doute été la signature de plusieurs centaines de cartes postales par des résidents du quartier en attente d’un logement salubre et abordable. Le 21 décembre 2004, profitant de la période des Fêtes, les membres de la Table ont décidé d’offrir un cadeau symbolique aux élus de l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie en installant dans leur bureau une corde à linge à laquelle étaient suspendues 300 cartes postales.

Début 2000 : Une idée écologique

Au début des années 2000, d’autres acteurs sont entrés en ligne. Provenant de différents horizons, une quinzaine de jeunes militants se sont rassemblés afin de réaliser un rêve : celui de créer une coopérative écologique. Certains militaient dans le groupe écologiste Logivert, certains étaient inscrits sur la liste de requérants du Comité logement de La Petite-Patrie tandis que d’autres travaillaient à la création d’une coopérative d’habitation dans le quartier depuis plusieurs années. Tous recherchaient un nouveau milieu de vie basé sur la coopération, l’entraide et les valeurs écologiques.

2005 : Libération du terrain

Les acteurs du projet ont rencontré plusieurs obstacles. Premièrement, le déménagement des Ateliers municipaux a été retardé à quelques reprises, ce qui a ralenti l’élaboration du projet. Alors qu’ils devaient déménager entre 1993 et 2001, il a fallu attendre jusqu’en 2005 pour que le terrain se libère. Deuxièmement, les sols de la future coopérative étaient contaminés et la décontamination constituait une dépense considérable. Finalement, les couts importants associés à une telle construction représentaient un enjeu de taille. Les trois paliers du gouvernement ont donc dû contribuer financièrement afin que le projet voie le jour.

2006 : Concrétisation du projet

Grâce à la motivation et au travail acharné de ses membres fondateurs, grâce aussi à l’accompagnement de l’organisme Bâtir son quartier, le projet de la coopérative de 95 logements abordables s’est concrétisé le 21 février 2006 avec la signature des statuts de constitution attestant la légalité de la coopérative selon le Code civil. Les règlements de la régie ont été adoptés quatre mois plus tard. Ont suivi la mise sur pied du conseil d’administration ainsi que l’adoption des statuts et règlements.

Une équipe composée des quinze membres fondateurs, du groupe de ressources techniques Bâtir son quartier, de l’entreprise Sept Frères Construction, de la firme d’architecture L’OEUF et de la firme de génie électromécanique Pageau Morel et associés s’est alors mise en marche. Pour les membres fondateurs, il était clair que le Coteau vert devait être une coopérative écologique. Cette particularité a compliqué quelque peu le développement du projet, puisque les subventions disponibles n’étaient pas représentatives des couts supplémentaires que la visée écologique allait engendrer. En raison de certaines réalités du marché, les membres ont dû faire des choix quant aux mesures écologiques à privilégier. Un système vert évolutif a été intégré lors de la construction, permettant l’ajout éventuel de mesures environnementales telle l’installation de panneaux solaires et de toits verts. Les 60 logements des Habitations des Ateliers verts, premier projet de l’OBNL Un toit pour tous, ont été construits en même temps que ceux de la coopérative. Dès le début, les membres des deux projets d’habitation ont collaboré pour s’assurer de l’homogénéité des bâtiments.

Tout au long de la concrétisation du projet, les membres ont dû faire preuve de compromis et d’imagination pour composer avec différents facteurs tels que le manque de financement, la dépendance au gouvernement pour le nombre de logements financés, les règlements municipaux, les dépassements de couts, etc. Ils ont dû mener des négociations avec plusieurs instances, notamment avec la Ville de Montréal, afin de réduire le nombre de stationnements dans le but de préserver la grandeur de la cour intérieure. La détermination des membres en a valu le coup. La coopérative d’habitation le Coteau vert et Un toit pour tous ont été les premiers à bénéficier de la subvention Projet novateur de la Société d’habitation du Québec pour l’ajout de mesures vertes et écoénergétiques. Le projet a également été subventionné par la Ville de Montréal, la Société canadienne d’hypothèques et de logement, le Centre financier aux entreprises de l’Alliance des Caisses Desjardins de Montréal-Centre, le Programme Rénovation Québec et Novoclimat.

2008 : La construction

En 2008, le projet a pris forme avec le début de la construction du bâtiment et le recrutement de nouveaux membres. Bâtir son quartier a poursuivi son travail d’accompagnement en offrant de la formation aux membres et en contribuant à la création des différents comités. L’année suivante, une ombre s’est glissée au tableau. Un incendie a détruit une partie de la construction, retardant ainsi la distribution des logements.

2010 : L’emménagement!

2010 représente une année historique pour la coopérative : la construction s’est terminée et les membres ont emménagé dans leur nouveau milieu de vie. Depuis ce temps, les différents comités s’activent, des projets sociaux et écologiques se mettent en branle, les familles jardinent, les enfants s’amusent dans la cour, les complicités se développent. Il y a de la vie dans ce charmant village urbain aux coteaux verts. Et son histoire ne fait que commencer…

Pavillon Dyane Courchesne

Dyane Courchesne est une militante montréalaise engagée qui s’est battue pendant de nombreuses années pour le droit au logement. Présidente de la Table de concertation logement/aménagement de La Petite-Patrie, elle a activement participé au Comité logement de La Petite-Patrie entre 1990 et 2011. Durant ses nombreuses années d’implication, elle a défendu avec passion et acharnement l’importance des besoins en logement social du quartier Petite-Patrie. Elle a entrepris de nombreuses activités d’éducation populaire et d’information afin d’améliorer la connaissance du droit au logement et les conditions de logement des résidents de La Petite-Patrie. Le pavillon au cœur de la coopérative fut d’ailleurs nommé en l’honneur de Dyane Courchesne pour ses efforts de représentation et de revendication durant plus de 20 ans afin que des logements sociaux puissent être construits sur le site des Ateliers municipaux.

Sources

Arrondissement [16 décembre 2004]. Ateliers municipaux : Des cartes postales pour 300 logements sociaux. Récupéré le 22 février 2015 de http://www.arrondissement.com/tout-get-document/u2248?tFormat=print

Bâtir son quartier [s.d.]. Développement durable, L’habitation communautaire comme vecteur de développement durable. Récupéré le 16 décembre 2014 de http://www.batirsonquartier.com/grands-dossiers/developpement-durable/

La Presse [10 juin 2009]. Des logements communautaires verts dans La Petite-Patrie. Récupéré le 16 décembre 2014 de http://www.lapresse.ca/maison/immobilier/projets-immobiliers/200906/10/01-865825-des-logements-communautaires-verts-dans-la-petite-patrie.php

La Presse [1er février 2008]. Un vaste chantier aux abords du métro Rosemont. Récupéré le 16 décembre 2014 de http://www.lapresse.ca/maison/immobilier/projets-immobiliers/200801/26/01-871456-un-vaste-chantier-aux-abords-du-metro-rosemont.php

Radio-Canada. La semaine verte [8 février 2009]. L’éco-logis à petit budget : Le Coteau vert. Récupéré le 16 décembre 2014 de http://ici.radio-canada.ca/emissions/3600_secondes_d_extase/saison3/Exclusif.asp?idDoc=74050